« Si un événement douloureux a été mal “digéré” parce que trop violent,
explique le psychiatre David Servan-Schreiber,
les images, les sons et les sensations liés à l’événement sont stockés dans le cerveau, prêts à se réactiver au moindre rappel du traumatisme. Le mouvement oculaire débloque l’information traumatique et réactive le système naturel de guérison du cerveau pour qu’il complète le travail. »
Qu’est-ce que l’EMDR?
L’EMDR est une approche thérapeutique découverte fortuitement aux Etats-Unis en 1987 par Francine Shapiro, docteur en psychologie au Mental Research Institute de Palo Alto (Californie).
EMDR est l’acronyme de « Eye Movement Desentisization and Reprocessing », en français « désensibilisation et retraitement par le mouvement oculaire« .
Ces mouvements latéraux ne sont que la partie saillante de cette méthode car ce sont eux qui activent le réseau mémoriel et neuronal, c’est-à-dire l’endroit dans lequel l’information « non digérée » est stockée dans notre cerveau. (voir plus loin « Comment ça marche?« )
La thérapie EMDR permet de débloquer les mécanismes naturels de traitement de l’information, et ainsi le traumatisme peut être retraité (ou digéré) même des années plus tard.
Sans afficher de certitudes, Francine Shapiro propose un rapprochement entre l’EMDR et le sommeil à mouvements oculaires rapides, ce moment où l’on rêve mais où s’effectue également la répartition mémorielle. Car évidemment, tout repose sur la mémoire, sur l’encodage du souvenir et des émotions qui l’accompagnent.
Ce qui soignerait, dans l’EMDR, c’est de « reformater » cet encodage. Replongé dans son passé afin d’être au plus près des perceptions sensorielles éprouvées au moment de l’événement, le patient est conduit, grâce à une stimulation sensorielle, à concentrer son activité cérébrale sur le présent. De cette polarisation naîtrait la possibilité de retraiter le traumatisme par dissociation de l’émotion et du souvenir. D’où le fait que celui-ci ne disparaisse pas. Il se délivre de sa charge émotionnelle, comme après un deuil.
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A qui s’adresse la thérapie EMDR?
Chaque individu, à tout âge de la vie, peut être confronté à un traumatisme. L’EMDR s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes.
La thérapie EMDR s’adresse donc à toutes les personnes souffrant de perturbations émotionnelles généralement liées à des traumatismes psychologiques. Il peut s’agir de de traumatismes « évidents », avec un grand « T », tels une agression, un décès, un accident… Il peut aussi s’agir d’événements douloureux de la vie qui passent parfois inaperçus (une humiliation qui se répète, des échecs, une IVG…) et qui peuvent être la source d’émotions ou de comportements inadaptés et/ou excessifs dans la vie quotidienne.
Et pour les enfants?
Le protocole EMDR sera un peu différent avec les enfants. il faudra évidemment adapter la durée et la communication à l’âge de l’enfant. Les séances seront plus courtes et le langage s’appuiera sur une pensée plus concrète. la collaboration avec les parents sera importante, tant pour aider à la prise de conscience du changement que pour élaborer des informations éducatives.
Quelques contre-indications
Il y a cependant quelques contre-indications: les troubles graves de la personnalité comme par exemple les psychoses (schizophrénie) sont considérées par la majorité des thérapeutes comme une contre-indication. les états suicidaires et les troubles cardiaques récents figurent aussi parmi les contre-indications.
Celles-ci sont à évaluées par et avec le thérapeute (psychiatre et/ou psychologue ).
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Quels types de « traumatismes » l’EMDR soulage t-il?
Avant tout traitement par l’EMDR, le thérapeute aura une bonne connaissance du parcours de vie de son patient, de ses éventuelles fragilités, de ses blessures d’enfant ou dans sa vie d’adute mais surtout de sa capacité à faire face au trauma. Deux personnes peuvent vivre une même situation et réagir de façon très différente.
Chaque individu réagit en fonction de son parcours, de sa personnalité et de son « bagage » affectif. Par exemple, une personne qui a été maltraité toute son enfance réagira d’une façon intense à une agression, celle-ci fait en effet écho à d’anciennes blessures jamais refermées. On parle alors d’un « trauma complexe » dans la mesure ou un choc en réveil un autre (parfois plusieurs pour certains).
Ce sont donc toutes ces indications qui permettront au thérapeute d’évaluer de quels types de trauma il s’agit.
Est-ce efficace pour les phobies?
« Qui a été piqué par un serpent se méfie même d’un rouleau de corde » Le Dalaï-Lama
Nous ne réagissons pas au hasard, mais plutôt par rapport à des réalités associatives intérieures. Pour nous permettre de trouver sens à ce que nous vivons, les perceptions des événements présents se relient automatiquement au passé dans le réseau mnésique, et les émotions négatives emmagasinées peuvent alors envahir l’individu.
En EMDR, le thérapeute tâche de repérer l’expérience négative qui déclenche le problème. Parfois elle est évidente, il peut s’agir d’un grave accident, d’une agression, d’un deuil.. D’autres fois il s’agit de vécus de la vie courante, tels une humiliation à l’école, un échec à un examen ou une remarque piquante d’un proche. La réaction qui en découle peut alors être un sentiment de manque de confiance généralisé, un mal être ou l’incapacité de s’exprimer dans un groupe.
En EMDR, d’une certaine manière, les vécus sont reliés de façon associative. Par exemple, un enfant ayant été moqué dans la cour de l’école à cause de sa tenue vestimentaire va éprouver un sentiment de honte et d’impuissance. Ce souvenir apparemment « banal » ne va pas être « digéré » par son système nerveux, tant les émotions et la nature des informations éprouvées et enregistrées au moment de la moquerie ont été fortes: la honte, l’impuissance et un vécu d’être « pas comme les autres ».
Cet enfant peut à l’âge adulte développer ce que l’on appelle une « phobie sociale », c’est-à-dire un grand malaise en société, une impossibilité à sortir de chez lui et à être « bien dans sa peau ».
Lors d’une thérapie EMDR, le thérapeute et son patient vont « cibler » le souvenir du passé à l’origine de cette phobie: la moquerie à l’école.
Phobie, panique, stress post-traumatique, crise d’angoisse, anxiété…. Quelle différence?
Le syndrome de stress post-traumatique, la crise d’angoisse, le trouble panique et la phobie sont des sous-ensembles de la catégorie des troubles anxieux.
Si une personne vit un événement qui met sa vie en danger et que par la suite elle a des pensées intrusives autour de cet événement et des comportements d’évitements, nous parlons de syndrome de stress post-traumatique. Mais les événements dangereux, ou même ceux de la vie de tous les jours, peuvent engendrer d’autres troubles. Si la personne vit des périodes bien distinctes d’angoisse intense et de peur, on appelle ces vécus des crises d’angoisse.
Si les crises récurrentes incluent au moins un remâchage anxieux continu dans l’attente de la prochaine crise, cette maladie est un trouble panique.
Si la personne redoute des situations ou des objets précis qui entraînent chez elle des réactions d’angoisse intense et d’évitement, on est en présence d’une phobie.
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L’EMDR?? Comment ça marche ?
L’EMDR accompagne la reviviscence du traumatisme en stimulant le système parasympathique. la mémoire dysfonctionnelle est retraitée beaucoup plus vite.
Lorsqu’un traumatisme survient, il n’est pas rare que le cerveau ne puisse pas traiter l’information « traumatique » de façon adaptée. Cette information « non digérée » reste bloquée dans une partie du cerveau (l’amygdale) et parasite considérablement la personne: cauchemars, sueurs, panique… Dans sa forme la plus grave, un traumatisme donne lieu à un « état de stress post traumatique ».
De la même façon que la thérapie EMDR aide le cerveau dans son traitement naturel de l’information émotionnelle, le praticien EMDR aide le patient dans son processus de guérison en devenant son partenaire pour un voyage destiné à éliminer le traumatisme passé, bloqué dans son système nerveux.
Au début d’une séance ordinaire de thérapie EMDR, le praticien aide le patient à repérer exactement le problème ou l’événement qui sera la cible du traitement. Pendant que les pensées et les sentiments remontent à la surface, le praticien et le patient travaillent ensemble pour stimuler les mouvements des yeux qui accompagnent l’expérience brièvement rappelée. Pendant que les mouvements des yeux sont stimulés, les émotions sont libérées.
Les séries successives et assez brèves de mouvements des yeux (30 secondes à quelques minutes) continuent jusqu’à ce que les émotions soient neutralisées et que l’événement passé devienne associé par le patient à des pensées et des sentiments positifs sur lui-même, comme « Je réalise maintenant que ce n’était pas ma faute ».
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Et la science dans tout ça?
Grâce à des progrès récents de la recherche, l’action de l’EMDR peut être observée en direct dans le cerveau: même si le mécanisme intime de son efficacité n’est pas encore complètement démontré avec précision, des hypothèses convaincantes sont élaborées par des chercheurs du monde entier.
L’efficacité de l’EMDR a été scientifiquement prouvée depuis 1989 par de nombreuses études contrôlées. Elle est reconnue aux USA pa l’American Psychologist Association, l’International Society for Traumatic Stress Studies et le Departement of Veterans Affairs.
La thérapie EMDR bénéficie aujourd’hui d’une large reconnaissance internationnale.
En France, l’EMDR est reconnue par l’INSERM et par la Haute Autorité de la Santé.
Comment se passe une séance d’EMDR?
La préparation au traitement EMDR est absolument indispensable. Une relation de confiance doit être instaurée entre le thérapeute et son patient.
Les souvenirs (images, sons, odeurs, sensations physique…) seront traités un par un. Il faut parfois plusieurs séances pour traiter un seul souvenir.
Le processus à l’oeuvre dans l’EMDR est un processus conscient.
Au début de la séance, le thérapeute demande au patient de se concentrer sur l’événement perturbant, en gardant à l’esprit les souvenirs sensoriels de celui-ci: sons, odeurs, émotions, ainsi que les pensées et les ressentis qui y sont associés. Le thérapeute commence alors des séries de stimulations bilatérales alternées, c’est-à-dire qu’il stimule le cerveau alternativement du côté gauche au côté droit (par le biais de mouvements oculaires).
Entre chaque série, le patient devra simplement faire part au thérapeute de ce qui lui est passé par l’esprit. il n’y a pas d’effort à faire, l’événement se retraite spontanément.
Une séance dure entre 60 et 90 minutes (plus court chez l’enfant). Pendant le traitement, le patient peut traverser des émotions intenses. Une nette amélioration est obtenue en fin de séance.
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Applications
L’EMDR soulage les états de stress post-traumatiques mais peut aussi intervenir sur les phobies, les deuils, les chocs émotionnels, les addictions, les troubles alimentaires, l’anxiété, le trac…
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Traitement des pathologies variées
Même s’il est encore besoin de vérifications statistiques, d’importantes améliorations ont été constatées grâce à l’EMDR dans le cas de pathologies variées comme par exemple:
Les troubles de conduites alimentaires
Les attaques de panique
L’anxiété reliée à la performance
Les deuils complexes
Le stress
La dépendance aux drogues ou aux médicaments
Les troubles du sommeil
Les traumatismes complexes, diffus, nombreux et étalés dans le temps.
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Quelques vidéos pour mieux comprendre
A voir aussi : La vidéo « Guerir » de David Servan Schreiber en cliquant ici.
A lire:
Shapiro, F., Manuel d’EMDR. Principes, protocoles, procédures. Dunod, Paris. 2007
Shapiro, F., Silk Forrest, M., Des yeux pour guérir, EMDR: la thérapie pour surmonter l’angoisse, le stress et les traumatismes. Le Seuil, Paris. 2005.
Servan-Shreiber, D., Guérir le stress, l’angoisse et la dépression sans médicaments ni psychanalyse. Robert Laffont, Paris. 2003.
Roques, J., EMDR, une révolution thérapeutique. La Méridienne, Paris. 2004.
Marx, Christophe., L’EMDR. L’histoire, la méthode et les techniques pour se libérer de ses traumatismes et dépasser ses blocages. Eyrolles pratiques. 2013
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